Charpentier sur la Seigneurie de la Motte de Lacheni, an de grâce MCXXXVII

 

Comme toute manifestation de l’activité humaine, les métiers ont évolué dans le temps au fur et à mesure des acquisitions de la technique tant dans le domaine de l’outillage que dans celui de la matière d’œuvre et, par voie de conséquence, dans celui des modes de construction.

Le travail du bois n’a pas échappé à cette évolution.

Si en ce qui concerne la matière d’œuvre, on en est longtemps resté au produit végétal fourni par les arbres des forêts, les perfectionnements des outils ont modifié profondément les procédés d’exécution et permis de nouvelles applications d’où des spécialités diverses conduisant à des familles distinctes de travailleurs.

Activité des plus anciennes, le travail du bois, à l’origine, de par l’indigence des moyens de débit, s’est d’abord cantonné dans la construction de gros œuvres, le bois y prenant place sous forme de pièces massives. Les praticiens ont reçu le nom de charpentiers, leur art : la charpenterie.

Il est donc normal que ce soit aux charpentiers que l’on doive les premiers meubles faits de bois épais, sommairement travaillés et assemblés, dont le Moyen-Age nous a légué quelques spécimens.

Le « Livre des Métiers » est un des premiers documents qui nous renseigne sur l’organisation du travail du milieu du .XIII° siècle.

Son auteur, Èmile Boileau, prévôt de Paris sous Saint-Louis, en a fait le code des usages et règlements corporatifs de la plupart des métiers parisiens d’alors.

 

On trouve notamment dans ce document l’énumération des différents spécialistes dans le travail du bois :

concernant la construction des maisons

– les charpentiers grossiers qui exécutent les ossatures ;

– les huissiers, spécialistes des portes et des fenêtres ;

– les couvreurs, revêtant les toitures de tuiles de bois ;

 

concernant les objets usuels ménagers :

– les huchiers, fabriquant les meubles ;

– les tourneurs, façonnant au tour les pièces de révolution ;

– les tonneliers, spécialistes des récipients (tonneaux, cuviers, bailles ou baquets…) ;

 

concernant les véhicules et le travail de la terre :

– les charrons, fabriquant chariots, charrettes, instruments aratoires ;

 

Ces différentes spécialités constituaient une seule et même corporation : celle des charpentiers.

En décembre 1290 un autre prévôt de Paris, Jean de Montigny, instaure par des statuts en six articles une communauté de travailleurs du bois distincte de celle des charpentiers : les huchiers.

Le huchier fabriquait non seulement les huches, qui étaient des coffres de rangement, mais aussi d’autres meubles : tables, bancs…, et en général tous travaux en bois pour l’aménagement intérieur et extérieur de l’habitation. Il s’adonnait également à la sculpture pour la décoration de ses ouvrages. Il était donc à la fois menuisier et sculpteur sur bois au sens que nous donnons aujourd’hui à ces termes.

Par ordonnance de 1371 Hugues d’Aubriot, également prévôt de Paris, délivre des statuts confirmés par l’arrêt du 4 septembre 1382, où l’appellation de Huchier-Menuisier apparaît. C’est cette ordonnance qui impose, pour l’accès à la maîtrise, l’épreuve du chef-d’œuvre à tout candidat à l’état de maître.

On y trouve aussi l’énumération des ouvrages entrant dans le cadre de l’activité de la corporation tant en menuiserie de bâtiment qu’en pièces de mobilier proprement dites.

 

Au XVe siècle on distinguait chez les charpentiers :

les charpentiers de grande cognée tirant leur nom de la cognée hache, leur principal outil de façonnage, spécialisés dans des travaux de charpente c’est à dire dans l’exécution de l’ossature des habitations mettant en œuvre des pièces de grosse section ;

les charpentiers de petite cognée s’adonnant à des travaux plus menus que les précédents et qui, de ce fait, étaient également nommés huchiers menuisiers.

Le 24 juin 1467 Louis XI délivre aux huchiers des lettres patentes dans lesquelles il est stipulé que chaque maître doit apposer sur ses ouvrages une marque distinctive, sorte de signature.

C’est dans une ordonnance du prévôt de Paris, Jacques d’Estouville, que, dans le dernier quart du quinzième siècle, apparaît pour la première fois, utilisée sans autre épithète, l’appellation de «menuisier» donnée à ceux qui se consacraient à la fabrication des meubles et à l’aménagement intérieur de l’habitation.

 

Quelques outils du charpentier sur la seigneurie  :

 

La bisaiguë

Outil formé d’un ciseau à bois couplé à un bédane et ayant pour rôle de travailler de grosses pièces de bois…

 

 

La doloire

Instrument coupant servant à équarrir les pièces de bois, le manche est décalé vers la droite pour dégager la main lors de son utilisation …

 

 

La tarière

Muni d’un manche et d’une tige en forme de gouge à son extrémité cet outil sert à percer et creuser des trous de gros diamètre dans le bois.

 

 

 

 

Fabrication et assemblage des pièces de charpentes :