Sommaire
Le Moyen-Âge
Le Haut Moyen-Âge (fin du Ve -IXe siècle)
- L’assimilation des Barbares
- Les Francs et les Mérovingiens
- Les Carolingiens
L’âge féodale (X-XIIIe siècle)
Le Bas Moyen-Âge (XIVe -XVe siècle)
Le temps des calamités
La famine
La peste
Les guerres
Les crises politiques et sociales
L’augmentation des taxes
La remise en cause du pouvoir
Le malaise moral
la fin du Moyen-Âge
Histoire locale, Lassigny en 1137
Qu’est-ce qu’un château à motte ?
Définition
Une origine défensive
La construction de la motte
Un lieu symbolique
La vie autour d’une motte castrale
Le Moyen-Âge
Définition
Le Moyen Âge occidental est traditionnellement situé à l’époque ou Clovis (Chlodowich) sort de l’ombre (486) lorsque sous les murs de Soissons, il bat Syagrius et s’empare du dernier royaume gallo-romain libre et le siège de Beauvais par Charles le Téméraire (1472).
La civilisation médiévale se définit par quatre caractéristiques majeures :
- le morcellement de l’autorité politique et le recul de la notion d’État ;
- une économie à dominante agricole ;
- une société cloisonnée entre une noblesse militaire, qui possède la terre, et une classe paysanne asservie ;
- un système de pensée fondé sur la foi religieuse et défini par l’Église chrétienne.
Le Haut Moyen-Âge (fin du Ve -IXe siècle)
Le Moyen Âge perce déjà dans le monde antique du IIIe siècle. La volonté d’échapper à l’État (à sa pression fiscale et aux charges militaires ou municipales) caractérise alors le comportement social. La condition des colons endettés se dégrade tandis que s’améliore celle de l’esclave, qui, de plus en plus, a la jouissance d’une terre. Ce qui conduit à la ruralisation de l’économie. Le développement du christianisme, religion officielle de l’Empire romain depuis la fin du IVe siècle, assoit les bases de la puissance ecclésiastique.
1. L’assimilation des Barbares
Déclenchées par les Huns, à la fin du IVe siècle, les grandes invasions n’ont jamais pris l’aspect d’une ruée massive. Elles n’ont pas non plus détruit brusquement l’Empire romain, qui, dans un premier temps, s’est efforcé d’intégrer ces populations. Un Occident nouveau est né de la lente fusion des peuples et des coutumes.
Les Barbares savent tirer profit de la romanité et s’intègrent au fonctionnariat impérial (comme Théodoric), ou rédigent un code de lois, dit bréviaire, inspiré du droit romain (à l’instar d’Alderic).
Le maintien de la langue latine, la continuité entre nombre de grandes villes antiques et médiévales, la permanence des anciens circuits commerciaux sont autant de survivances de l’Antiquité dans le haut Moyen Âge. Par ailleurs, l’apport barbare imprègne ce monde nouveau : la notion de droit public s’estompe. Civils et militaires ne se distinguent plus dans des communautés où prévaut la valeur guerrière du chef, élu et mythifié. L’économie des Barbares renforce la ruralisation en cours depuis le Bas-Empire. La fuite devant les responsabilités imposées par l’État se conjugue avec le repli des aristocraties sur leurs terres, refuge et fondement de leur pouvoir. Mais le véritable ciment des communautés antiques et barbares est le christianisme.
2. Les Francs et les Mérovingiens
Le pouvoir est éclaté en une multitude de principautés territoriales, Vandales et Francs constituent des royaumes centralisés. Celui des Francs doit en partie son succès au baptême de Clovis (498 ou 499), qui acquiert, la reconnaissance de l’empereur byzantin, le soutien du clergé et du pape, dont il devient le principal appui.
Chroniques de France de Charles V, Le baptême de Clovis, folio 12v, 1375,1380, BNF
3. Les Carolingiens
Le sacre du roi Pépin le Bref, à Saint-Denis, par le pape Etienne II, en 754, confirme le prestige franc et marque un nouveau pas vers la sacralisation d’une famille : celle des Carolingiens. Le principe dynastique complète désormais l’élection coutumière.
Le couronnement de Charlemagne en l’an 800 conduit à la restauration de l’empire d’Occident.
Charlemagne entreprend une rénovation de l’État. La reprise en main de l’administration régionale par l’intermédiaire des comtes, représentants assermentés de l’empereur, surveillés par les missi dominici, le retour à une législation publique, votée par les hommes libres des plaids et consignée dans les capitulaires (ordonnances), un réseau de fidélités entrecroisées remontant à la personne même de l’empereur : tout concourt au redressement et à la consolidation de l’autorité impériale.
Par la suite, l’empire sera divisé par les fils de Louis le Pieux (c’est-à-dire les petits-fils de Charlemagne) en trois royaumes rivaux.
4. L’âge féodal (Xe-XIIIe siècle)
Dès le VIIe siècle émerge une aristocratie guerrière composée de nobles de fonction et de nobles de lignage. La richesse foncière constitue le fondement de la puissance de ces aristocrates.
La puissance se mesure donc au nombre d’hommes à qui l’on est en mesure de procurer une terre en échange de leur engagement. Inversement, il devient tentant pour les vassaux de multiplier leurs fidélités afin d’accroître le nombre de leurs bénéfices. Et beaucoup d’hommes libres cherchent à se recommander : en ces temps incertains, servir un protecteur vaut mieux qu’une totale indépendance.
Évêques et abbés, à la recherche d’une protection, entrent aussi en vassalité.
La multiplication des fidélités vassaliques, devenues concurrentes, jette les nobles dans d’interminables conflits qui accroissent l’insécurité des populations, déjà terrorisées par les catastrophes annoncées à l’approche de l’an 1000.
Entre le XIe et le XIIIe siècle, la notion d’État n’est encore qu’en gestation, mais l’idée que le roi doit gouverner pour le bien commun s’affirme de plus en plus. La notion de pouvoir public progresse au cours du XIIIe siècle.
XIIe-XIIIe : deux siècles d’expansion
Les progrès de l’agriculture contribuent à l’amélioration du sort des populations. Au sein des domaines ruraux, les paysans se sont très tôt livrés à un artisanat de nécessité. Pour répondre aux besoins quotidiens, ils achètent parfois la matière première à des marchands ambulants.
Parallèlement, on voit apparaître de plus en plus de villes. L’impulsion agricole se communique à l’activité artisanale. La ville devient le foyer privilégié de l’artisanat, car placée sur les voies commerciales, c’est là qu’arrivent les matières premières, indispensables à l’activité des métiers (laine, cuir, peaux, métaux). C’est là aussi que se regroupe la main-d’œuvre et que se perfectionnent les techniques. Ainsi le monde des artisans, lié à celui des marchands, s’impose-t-il peu à peu comme un élément constitutif du tissu urbain.
En résumé, au XIIe et XIIIe siècle, se développent l’agriculture, les villes, l’artisanat et le commerce.
Le bas Moyen Âge (XIVe-XVe siècle)
Aux deux siècles d’expansion que sont les XIIe et XIIIe siècle succèdent deux siècles de crise profonde.
1.Le temps des calamités
La famine
En 1315-1316 toute l’Europe occidentale est affamée. Les années de mauvaises récoltes provoquent une hausse du prix des produits céréaliers. Les années d’excellentes récoltes ne règlent pas la crise car le prix des produits agricoles et artisanaux continue d’augmenter durablement.
Le refroidissement climatique explique en partie les mauvaises récoltes. Les fortes pluies de 1315 aggravent ce phénomène. Mais la catastrophe est amplifiée par la surpopulation qui touche les terroirs et les villes manufacturières, où affluent les immigrés ruraux.
La peste
Dans les villes insalubres, les populations sous-alimentées résistent mal aux épidémies de peste, qu’une médecine balbutiante se révèle incapable d’enrayer. De 1346 à 1353, suivant les grands axes commerciaux, la maladie se propage jusqu’en Île-de-France et dans toute l’Europe.
Prince ou serf, riche ou pauvre, nul n’est épargné par le fléau. On estime à 25 millions (soit le tiers de la population) les victimes de la Grande Peste en Europe occidentale.
Avec l’épidémie de peste, l’homme devient une ressource économique rare et cher. Les salaires augmentent, tant à la campagne, que dans les ateliers urbains. Les seigneurs cherchent la main-d’œuvre qui relancerait l’exploitation de leurs terres.
Les guerres
La permanence des conflits aggrave le déficit humain. Enlisée dans la guerre de Cent Ans (1337-1453), à laquelle s’ajoute de 1407 à 1413 le conflit entre Armagnacs et Bourguignons, la France, théâtre des opérations, est sans doute le pays le plus touché en Occident.
Les périodes de trêve n’apportent aucun soulagement aux campagnes, qui sont pillées et dévastées en permanence par des troupes privées.
- Les crises politiques et sociale
L’augmentation des taxes
Pour financer les guerres et payer les mercenaires, les états autorisent, non sans difficultés, l’alourdissement de la fiscalité royale.
Partout en Europe, campagnes et villes sont gagnées par des flambées de violence, expression d’une rageuse lassitude. Dans l’ensemble, les ouvriers n’ont guère tiré profit de ces révoltes. Mais bien plus encore que chez les paysans, elles ont favorisé une solidarité dont les conséquences vont s’inscrire dans un lointain avenir, face aux négociants et aux maîtres de métiers qui conservent le pouvoir économique et politique des villes.
La remise en cause du pouvoirs
La guerre de Cent Ans a dévalorisé le pouvoir royal au profit des aristocraties française et anglaise. L’enchevêtrement des liens familiaux et des obéissances vassaliques a depuis longtemps brouillé les points de repère politiques et sociaux. Il nourrit des conflits d’autorité dont l’arbitrage incombe à la force plus qu’au droit. Ainsi, par le jeu des alliances, les rois d’Angleterre Édouard II et Édouard III, petits-fils par leur mère des rois de France, peuvent se croire quelque droit à la couronne de France.
Le malaise moral
La grande peste a tant tué, que la population ayant survécu cherche à profiter de ce sursis. Au milieu d’un foisonnement de couleurs, la mode se pare de toutes les audaces. Pour les plus riches, l’habillement, avec ses soieries et ses fourrures, devient de plus en plus luxueux. Tentant d’agir contre ces extravagances, les nombreuses lois somptuaires n’ont guère d’effets.
On hésite entre la fureur des plaisirs et la chasse aux boucs émissaires. Deux mille Juifs sont ainsi massacrés à Strasbourg en 1349.
Pour sa part déchirée par le grand schisme d’Occident (1378-1417), la papauté n’offre plus de modèle, ni moral ni religieux. La chrétienté tout entière est divisée entre le pape de Rome, celui d’Avignon, et un troisième issu du concile de Pise en 1409. L’unité ne doit être retrouvée qu’avec l’élection de Martin V en 1417.
La fin du Moyen-Âge
Dans toute l’Europe à partir de 1450, on voit apparaître les premiers signes d’une relance démographique et économique. L’Europe de la fin du Moyen Âge devient surtout celle des «hommes d’affaires». En France, l’État étend désormais son pouvoir sur un territoire dont toutes les provinces participent au domaine royal et où plus aucune principauté ne vient défier l’autorité monarchique. Si cette monarchie n’a plus rien de féodal, elle ignore encore cependant la centralisation administrative. Chaque région reste fidèle à ses coutumes. L’évolution favorise la montée de la bourgeoisie, comme l’illustre la carrière de Jacques Cœur. Elle constitue cette nouvelle noblesse de robe, où se recrutent juristes et financiers. Le clergé ne perd rien de ses privilèges financiers et judiciaires, et les nobles qui se pressent jalousement à la cour demeurent un danger potentiel pour le pouvoir.
II Histoire locale : Lassigny en 1137
Le territoire de Lassigny était comme aujourd’hui divisé en de nombreuses parcelles. Certaines appartiennent au diocèse de Noyon dirigé par l’évêque Simon de Vermandois, (fondateur de l’abbaye d’Ourscamp et cousin du roi Louis VI le Gros). D’autres appartiennent personnellement à l’évêque. D’autres encore sont à des particuliers. Le reste appartient au comte du Vermandois. Car Lassigny est situé dans le comté du Vermandois.
Le comte du Vermandois Raoul Ier (petit-fils du roi Louis VI le Gros) exerce le pouvoir juridique, civil et militaire au nom du roi dans tout son comté.
Mais Lassigny est également une seigneurie. C’est-à-dire qu’un seigneur, Pierre de Lassigny, vassal de l’évêque Simon de Vermandois dirige les terres.
Raoul Ier entreprend en 1137 la construction une forteresse (la motte castrale) à Lassigny, destinée de poste avancé pour la défense des frontières de la Picardie. Baudoin II nouvel évêque de Noyon (Simon de Vermandois étant parti en Terre Sainte en 1146) prend ombrage de cette initiative et exige la destruction de l’édifice. Un traité sera rédigé en 1150 pour accorder les deux parties. La tour sera conservée mais le comte sera tenu de remettre la tour à l’évêque toutes les fois qu’il l’exigerait. Dorénavant, ni le comte ni l’évêque ne pourront sous-inféoder le fief.
A partir de 1198, l’abbaye d’Ourscamp ne cessera d’acquérir des terres de Lassigny. Un maire est alors chargé, de veiller à l’administration de ce bien éloigné, de percevoir les redevances et d’exercer une certaines juridiction.
Qu’est-ce qu’un château à motte ?
Définition
Une motte castrale est une butte de terre, généralement artificielle, cernée d’un fossé sur laquelle est élevée une fortification. La motte castrale est un des premiers moyen défensif, prémisse des châteaux forts tel qu’on peut se le représenter actuellement.
Une origine défensive
La motte castrale aurait vu le jour à la fin du Xe siècle entre la Loire et le Rhin. Son objectif étant de se défendre face aux raids ponctuels des Sarrasins.
Elle se diffuse rapidement pendant deux siècles pour mieux résister aux invasions Normandes.
Afin d’éviter un déplacement massif des armées carolingiennes. On construit la motte castrale sur des points stratégiques car elle permet de voir arriver de loin les ennemis mais également de tenir la position autant que possible en attendant d’éventuels renforts.
A Lassigny cette origine défensive de la motte castrale est clairement définit par sa situation géographique. La motte est située à un nœud routier. En effet, les routes de Ressons-sur-Matz, Roye et Montdidier se dirigent vers le site castral. Toutes les voies de circulation venant de l’ouest débouchent sur la motte. Dans le sens contraire, quant on sort de Lassigny en direction de l’ouest, on est forcé de passer devant la motte.
La construction de la motte
Les mottes castrales sont construites avec le matériel local et les moyens dont disposes les seigneurs locaux, c’est-à-dire pas grand chose. Rappelons qu’à cette époque, les seigneurs sont divisés et enclin à guerroyer les uns contre les autres dans leur intérêt propre.
Bien souvent, la motte castrale est constituée de la terre tirée du fossé circulaire qui l’entoure. Le fossé, parfois en eau, peut être bordé par un remblai de quelques mètres de haut, surmonté d’une palissade en bois qui délimite la “basse cour”.
La motte est surmontée d’une tour en bois, de plan rectangulaire, haute de plusieurs étages. C’est elle qui assure la surveillance mais son rôle défensif peut être renforcé par une palissade propre qui circonscrit la “haute cour”.
L’accès s’effectue par une barbacane, enceinte avancée qui enjambe le fossé et la palissade principale.
Il se pose très vite un certain nombre de limites à la viabilité du château à motte, notamment à cause de sa fragilité face aux sièges et aux flammes. C’est pourquoi le bois sera progressivement remplacé par la pierre et sera transformée en donjon ou château fort.
A Lassigny, le bois a effectivement été remplacé par la pierre. Les archéologues ont mis au jour des fondations permettant d’établir l’existence d’une tour romane rectangulaire à contrefort plat et angles renforcés.
Un lieu symbolique
Les mottes castrales ont joué un rôle considérable dans la fixation de l’habitat et la formation de nos villages. Tout se met en place à partir du IXe ou du Xe siècle, avec le regroupement des hommes et la constitution des terroirs villageois autour de ces populations rurales sédentarisées (représentant alors 90 à 95 % de la population). De multiples villages naissent seulement après les grands défrichements du XIIe siècle et du début du XIIIe siècle, à l’initiative des seigneurs ; notre paysage actuel se serait ainsi constitué.
Avec la motte castrale, c’est la féodalité qui se met en place grâce au rayonnement qu’entraîne sa possession. Le besoin de protection des foules les a rapprochées des places fortes, ce qui a renforcé la puissance financière et le rayonnement des propriétaires des mottes.
Le plus souvent, le seigneur vivait dans une maison à part dans la basse cour parmi ses domestiques, ses troupes et les animaux.
Très vite, la possession d’une motte devenant un privilège et un symbole de puissance, le seigneur va loger au donjon et se détacher du commun. L’étage sert alors de demeure, et n’est accessible que par une passerelle mobile. Il n’est plus une simple tour de guet mais aussi un lieu d’habitation.
Pour résumer, les mottes sont très vite devenues un lieu symbole de protection pour les populations environnantes et un lieu d’échanges commerciaux denses. Leur rôle est donc majeur au haut moyen-âge : elles sont une sorte de “chef-lieu”.